Recherche, relation, respect : comment être un photographe de voyage attentif

Même si documenter les différentes cultures ajoute de l'intérêt à vos histoires de voyage, il est important d'apporter une certaine sensibilité à vos images. La photojournaliste Gulshan Khan livre ses conseils.
Une jeune fille musulmane crie de joie assise sur un cheval dans un manège lors d'une fête à Johannesburg, en Afrique du Sud.

Les mains s'agrippent au cheval coloré d'un manège, le visage brille d'excitation et le voile ondule comme la cape d'un superhéros. Ce n'est pas l'image typique d'une jeune fille musulmane, et c'est exactement la raison pour laquelle c'est l'une des photos préférées de la photographe et ambassadrice Canon, Gulshan Khan. « Les musulmans, en particulier les femmes et les filles, ne sont pas toujours représentés comme les êtres humains expansifs que nous sommes vraiment. Je dis « nous » parce qu'il s'agit de ma propre communauté », explique la photojournaliste sud-africaine. « Nous voyons tellement de souffrance et "autres" sur les images représentant le continent africain. Et voici cette fille pleine de joie, photographiée avec dignité. »

L'exemple de Gulshan nous rappelle la puissance de l'appareil photo. Les images que vous créez peuvent perpétuer des façons uniformes de voir le monde ou révéler quelque chose d'autre. C'est particulièrement vrai lorsqu'il s'agit de photographier des cultures ou des communautés qui ne sont pas les vôtres, que ce soit au coin de votre rue ou dans un endroit que vous avez atteint après avoir parcouru des milliers de kilomètres. Pour Gulshan, cela fait partie du travail. En tant que photojournaliste indépendante dont les travaux ont été publiés dans le National Geographic, The New York Times et The Guardian, et en tant qu'ancienne indépendante de l'Agence France-Presse (AFP), Gulshan prend régulièrement des photos de personnes et de lieux dans son pays d'origine et au-delà. Ici, elle explique comment créer des photographies culturelles à la fois saisissantes et sensibles.

Soyez attentif à l'histoire

Un garde-forestier sud-africain utilise une grande torche pour détecter des mouvements dans un enclos extérieur la nuit.

Un garde-forestier sud-africain observe un enclos d'animaux pour vérifier les éventuels mouvements à la tombée de la nuit. « La gestion des différentes situations est toujours source d'apprentissage. Il est essentiel de continuer à se poser des questions », conseille Gulshan. Photo prise avec un Canon EOS 5D Mark III (désormais remplacé par le Canon EOS 5D Mark IV) équipé d'un objectif Canon EF 35mm f/1.4L USM (désormais remplacé par le Canon EF 35mm f/1.4L II USM) à 1/80 s, f/1,4 et ISO 3200. © Gulshan Khan

Au 19e siècle, lorsque la photographie était une nouvelle technologie, l'appareil photo a été considéré à tort par les colons européens comme un outil scientifique qu'ils utilisaient pour classer et opprimer les peuples indigènes. Pour Gulshan, cet héritage perdure, ce qui donne l'impression qu'il s'agit d'un support impartial.

« Les photographies sont instructives. Elles nous apprennent à nous voir et à voir les autres », explique-t-elle. « Il y a cette idée qu'une image est une vérité objective, mais c'est faux. Vous êtes toujours dans vos images. Vos croyances, vos expériences et vos valeurs seront exprimées dans ce que vous choisissez d'intégrer, ou non, au cadre. »

Gulshan évoque également le droit que pensent avoir certains voyageurs occidentaux et créateurs d'images lorsqu'ils explorent des terres « exotiques ». « Ce n'est pas un problème de visiter des lieux et de prendre des photos », souligne Gulshan. « Par contre, ça en devient un lorsque vous le faites en pensant que vous êtes meilleur et que vous connaissez tout mieux que les personnes que vous photographiez. »

Faites vos recherches

Deux personnes dansent la salsa sur une piste de danse installée sur le toit, admirées par des groupes de spectateurs assis derrière et à côté d'eux.

Des personnes dansent lors d'une soirée salsa organisée sur un toit dans le quartier de Maboneng, à Johannesburg (Afrique du Sud). « Si vous photographiez un festival ou un évènement, vous devez savoir pourquoi les gens sont là et connaître la petite histoire de cet évènement », explique Gulshan. Photo prise avec un Canon EOS 5D Mark III équipé d'un objectif Canon EF 35mm f/1.4L USM à 1/320 s, f/2,8 et ISO 50. © Gulshan Khan pour le Washington Post

Lorsque vous entendez le mot « culture », vous avez tendance à penser à la nationalité, à l'ethnie ou à la religion, mais pour Gulshan, le concept est bien plus large que cela. « Il peut s'agir d'un groupe ayant un système de valeur spécifique, d'une culture de travail, de personnes qui appartiennent à une classe sociale ou qui font partie d'une sous-culture musicale, par exemple », explique-t-elle.

Quoi qu'il en soit, vous devez vous assurer d'avoir effectué le plus de recherches possible avant d'arriver avec votre appareil photo. Cela vous aidera à identifier les lieux inhabituels ou les occasions importantes (un festival ou une manifestation, peut-être) qui vous donneront l'opportunité de prendre des photos intéressantes.

Il s'agit également de comprendre les normes et les coutumes, ainsi que les problèmes rencontrés par différentes personnes. Ce sont autant d'informations qui vous orienteront sur la manière de photographier. Suivez la couverture médiatique, lisez des livres, regardez des documentaires, familiarisez-vous avec les lieux sur Google Maps et, surtout, parlez aux gens, conseille Gulshan. Si vous êtes à l'étranger et séjournez dans un hôtel, discutez avec le personnel. Si vous êtes à un évènement, demandez aux participants ce que cela signifie pour eux et pourquoi ils sont là. Soyez respectueux, empathique et prêt à apprendre.

Choisissez et utilisez votre kit judicieusement

Une femme portant une longue robe blanche et des bijoux attrayants est assise sur un banc à l'extérieur de son domicile à Johannesburg.

Gulshan aime prendre des portraits en situation, dans la mesure du possible. Dans cette photo qui raconte une histoire sur le style des bijoux à Johannesburg, elle a photographié des personnes issues de milieux culturels différents. Netsanet Abera Tumssa, propriétaire du restaurant éthiopien Netsi's, est photographiée à l'extérieur de sa maison. Photo prise avec un Canon EOS R5 équipé d'un objectif Canon RF 35mm F1.8 MACRO IS STM à 1/1000 s, f/2 et ISO 250. © Gulshan Khan pour The New York Times

Il faut trouver un équilibre entre obtenir des images percutantes et traiter les gens avec toute la considération qu'ils méritent. En général, Gulshan évite les longs objectifs, préférant associer ses appareils photo Canon EOS R et EOS R5 à un objectif Canon RF 35mm F1.8 MACRO IS STM et se rapprocher de ce qu'elle photographie en se plongeant au cœur de l'action. « Vous devez parler aux gens lorsque vous êtes aussi proche, car vos images sont inévitablement plus intimes », explique-t-elle.

L'exception serait quand elle travaille dans des lieux sacrés et qu'elle a déjà la permission de prendre des photos, mais qu'elle ne veut pas gêner. « Dans les lieux spirituels, vous devez être sensible à la culture et le meilleur moyen de vous assurer que vous n'êtes pas irrespectueux ou intrusif est de demander si votre présence ne dérange pas », conseille-t-elle. « Demandez qu'on vous indique les lieux où vous êtes autorisé à aller et ceux où vous ne l'êtes pas, et quelles sont les règles à suivre. Dans de nombreuses mosquées et temples, par exemple, vous devez retirer vos chaussures, vous devez être habillé de manière appropriée. Il est également irrespectueux de marcher devant une personne qui prie ou d'essayer de lui parler.

« Dans ces cas-là, j'ai utilisé un objectif Canon RF 70-200mm F2.8L IS USM », ajoute-t-elle. « Je garde toujours mon obturateur aussi silencieux que possible pour ne pas être intrusive et être respectueuse dans les situations qui exigent une atmosphère discrète et silencieuse. »

Les appareils photo professionnels, tels que l'EOS R5, ne sont pas les seuls à offrir une option de déclenchement silencieux. Le passage au mode de déclenchement silencieux sur l'appareil photo hybride Canon EOS R10 ajuste tous les paramètres pertinents en même temps, évitant ainsi que du son ou de la lumière ne soit émis par l'appareil photo. L'association de l'EOS R10 et de l'objectif polyvalent Canon RF-S 18-150mm F3.5-6.3 IS STM vous offre également une portée plus longue pour réduire les perturbations.

Impliquez les personnes que vous photographiez

Un homme d'âge mûr est assis sur un mur, une main appuyée contre son visage. Derrière lui se trouve une maison aux couleurs vives et une montagne cachée dans la brume.

Jean Rene, 56 ans, est photographié dans sa ville natale de Hell-Bourg sur l'île de la Réunion, un département français de l'océan Indien. « Une bonne photographie culturelle nait d'une grande empathie pour les personnes que vous photographiez. Sinon, cela reste une simple photo », explique Gulshan. Photo prise avec un Canon EOS 5D Mark IV équipé d'un objectif Canon EF 16-35mm f/2.8L II USM (désormais remplacé par le Canon EF 16-35mm f/2.8L III USM) à 35 mm, 1/250 s, f/2,8 et ISO 100. © Gulshan Khan pour The New York Times

Groupe de femmes assises autour d'une longue table à manger, chargée de plats et de rafraîchissements.

Un groupe de femmes brise le ramadan à la mosquée Nizamiye de Johannesburg. Image prise par Gulshan pour sa série sur la communauté en Afrique du Sud, « The Things We Carry with Us ». Photo prise avec un Canon EOS 5D Mark III équipé d'un objectif Canon EF 35mm f/1.4L USM à 1/2500 s, f/1,4 et ISO 10.000. © Gulshan Khan

Il est important de faire la distinction entre les évènements publics, où on peut s'attendre à ce que des photos soient faites, et les photos que vous prenez en marchant dans les rues ou dans le cadre d'un projet personnel avec un certain groupe pour lesquelles « vous devriez obtenir un consentement éclairé », explique Gulshan. Cela signifie expliquer clairement aux gens pourquoi vous souhaitez prendre une photo d'eux et ce que vous avez l'intention de faire avec les images par la suite.

La façon de procéder dépend du scénario. Si vous réalisez un projet dans un environnement communautaire, vous pouvez obtenir l'autorisation préalable et apprendre à connaître les personnes avant de prendre des photos sur le vif lorsqu'elles sont détendues en votre présence. Dans les rues d'une ville, vous pouvez engager une conversation avec un commerçant du marché, puis prendre son portrait par la suite. Si vous ne parlez pas la langue, trouvez quelqu'un qui peut servir d'interprète. Restez constamment attentif à la réaction de la personne que vous photographiez. Comme le dit Gulshan, « vous pouvez alors détecter si les personnes se sentent mal à l'aise ». Si c'est le cas, il est temps de poser votre appareil photo.

Travaillez dans le respect

Une foule de personnes de différents âges chante, danse, rit et boit en regardant quelque chose devant elle.

« Demandez-vous toujours ce qui donne cette profondeur. Quelle est l'histoire ? », conseille Gulshan. Photo prise avec un Canon EOS 5D Mark III équipé d'un objectif Canon EF 35mm f/1.4L USM à 1/400 s, f/1,4 et ISO 1600. © AFP Photo/Gulshan Khan

Alors qu'elle utilise désormais son appareil photo « à l'instinct », Gulshan a passé beaucoup de temps à regarder des images et à réfléchir à la façon dont les gens sont représentés. « Il est important d'avoir une certaine connaissance et conscience du visuel », explique-t-elle. « Pensez, par exemple, aux angles de prise de vue et à ce que cela communique aux personnes qui regardent l'image. » Suivez différents comptes Instagram pour mieux comprendre comment les photographes choisissent de représenter leurs propres communautés. Parfois, une séquence d'images est nécessaire pour donner une représentation plus complète, mais comme l'explique Gulshan, « il est possible de transmettre quelque chose de profond sur une personne ou une culture dans une seule image. Gardez simplement à l'esprit que ce n'est jamais toute l'histoire. »

Article rédigé par Rachel Segal Hamilton

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